Description
Kanna
Le Kanna (Sceletium tortuosum) est une plante médicinale appartenant à la famille des Apocynaceae, originaire d’Afrique du Sud, où elle est utilisée depuis des siècles par les peuples locaux pour ses propriétés médicinales.
La plante serait utilisée pour ses effets anxiolytiques et antidépresseurs, ainsi que pour aider à soulager la douleur et à traiter les troubles de l’humeur, de l’insomnie et de l’anxiété.
Il est important de noter que l’utilisation de kanna doit être faite sous la surveillance d’un professionnel de la santé car les études sur les effets à long terme et les interactions médicamenteuses sont limitées.
La composition du Kanna
Le kanna contient plusieurs composants actifs :
- des alcaloïdes tels que la mesembrine, la mesembrenone et la mesembrenol, qui auraient des propriétés anxiolytiques et antidépressives
- des flavonoïdes qui auraient des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes
- des tanins et des phénols qui auraient des propriétés astringentes.
- des acides aminés, des minéraux et des vitamines.
Un peu d’Histoire
Plante sacrée des tribus ancestrales du Sud de l’Afrique, le Kanna (Sceletium tortuosum) est, depuis des temps immémoriaux, au centre de la vie des populations locales pour ses vertus tant physiques que psychiques. Une fois fermentées, ses tiges et racines étaient mâchées longuement pour soulager de la soif et de la faim, pour la fertilité, pour dissiper les peurs ou angoisses ou pour les rites, danses et transes spirituelles.
Avant la colonisation, l’Afrique du Sud, d’où le Kanna est originaire, était peuplée par deux tribus : les Khoïkhoï (officiellement, les “Hottentots”) et les San (officiellement, les “Bushmen”).
Toutes deux vivaient de la chasse et de la cueillette, avant que les Khoïkhoï ne s’orientent peu à peu vers l’élevage.
Les végétaux du genre Sceletium étaient employés depuis des millénaires pour “soulager de la soif et de la faim, combattre la fatigue, comme médicament, et au sein de pratiques sociales et spirituelles”.
Leur type commun explique les similitudes entre ces ethnies, qui alliaient toutes deux “l’antilope sacrée” au Sceletium tortuosum, les nommant l’une comme l’autre “Kanna”.
Selon Paterson, voyageur de la fin du XVIIIe siècle, la région où se trouvait la plante était appelée “Channaland” par ses habitants, reflet du fait que l’antilope et le Sceletium s’y trouvaient tous deux en abondance.
L’antilope constituait l’une des proies principales des Khoïkhoï et des San.
Baptisée “Kanna”, donc, comme le Sceletium tortuosum, elle était symboliquement liée à la fertilité, au mariage, à la tombée de la pluie, à la divination, à la transe, à la danse et à la guérison.
Les tensions avec les colons, les attaques génocides contre les San, leur expropriation, les dommages des maladies introduites et l’acculturation sont les causes principales de la disparition de la tradition orale des connaissances sur le Sceletium tortuosum.
Les récits historiques restant sont issus des colons qui débarquèrent en Afrique du Sud au XVIIe siècle.
Les premiers d’entre eux viennent d’un explorateur et d’un commerçant néerlandais, qui ont découvert les propriétés de la plante et fait un troc avec les autochtones pour obtenir du Sceletium et des moutons.
Peu après, en 1685, le gouverneur de la colonie néerlandaise du Cap, Simon van der Stel, décrit l’usage local du Kanna dans son journal : “Ils mâchent essentiellement une plante qu’ils appellent Canna et qu’ils écrasent, les racines comme les tiges, entre deux pierres, puis ils les stockent et les conservent entre des peaux de mouton. Quand nous sommes allés au Coperbergh en octobre, il était ramené des collines avoisinantes par tout le monde (pour les fournir toute l’année).”
Vu que mâcher la plante constituait son mode d’emploi principal, les Néerlandais ont baptisé le Kanna “Kougoed”, signifiant “bon à mâcher”. Les colons appréciaient l’herbacée pour ses qualités “comparables à celles du Ginseng”.
Van der Stel écrit aussi : “On trouve cette plante chez les Namaquas et encore seulement certaines de leurs montagnes.
(…) Ils lui portent, ainsi que les tribus voisines, une grande estime, à la manière des Indiens pour le Bétel ou l’Areca.
Ils mâchent ses tiges, ainsi que ses racines, en général toute la journée, et s’intoxifient avec ; alors, en prenant en compte ses effets, son parfum et son goût terreux, on peut s’attendre à retirer un certain profit de sa culture”.
Un siècle plus tard, en 1773, Carl Peter Thunberg, botaniste et médecin suédois, détaille une méthode semblable à celle évoquée par Van der Stel :
“Les Hottentots viennent de partout pour récupérer ce buisson avec ses racines, ses feuilles et tout le reste, qu’ils frappent ensemble, puis roulent en forme de queue de cochon ; ils laissent ensuite la masse fermenter, et ils les gardent pour les mâcher, en particulier quand ils ont soif. S’ils mâchent immédiatement après fermentation, il y a intoxication”.
Thunberg, qui était l’élève de Carl von Linné, célèbre naturaliste et médecin suédois, a fait deux voyages à l’Est du Cap entre 1772 et 1774. Selon lui, les indigènes Hottentots recouraient au terme “Kon”.
Les rapports de Thunberg sur les récoltes collectives des plantes ont été interprétés comme une preuve que les espèces de Sceletium étaient employées d’une manière rituelle, sans doute durant les rassemblements saisonniers.
Considéré comme une substance de valeur, les natifs le transportaient sur de longues distances pour le troquer contre du bétail et des marchandises.
Vers le milieu du XIXe siècle, de nombreux centres d’échange se seraient montés autour du Sceletium.
Le Kanna aurait été vendu “pour traiter l’insomnie chez l’adulte, la diarrhée chez les enfants, et aussi mâché pour ses effets narcotique modéré et intoxicant”.
L’usage indigène du Kanna est répertorié dans nombre de rapports du XXe siècle.
Pour aider les enfants à s’endormir, on leur donnait “1 ou 2 gouttes” de Sceletium tortuosum.
Dans la même optique, les mamans namaquas mâchaient les racines et crachaient ensuite la salive dans la bouche des bébés.
Le jus des feuilles d’une autre espèce de Sceletium était mixé avec du lait et donné aux bébés pour aider à l’endormissement ou les apaiser quand ils faisaient leurs dents.
Dans un registre tout autre, le Kanna était aussi utilisé dans les rituels de danse.
Il était “mâché et gardé un moment dans la bouche, et quand leurs esprits s’élevaient, que leurs yeux commençaient à briller et qu’ils prenaient un air jovial, ils commençaient alors à danser”. Cependant, “pris à l’excès, il perturbe leurs sens et les intoxique”. Le Kanna pouvait également être préparé en tisane ou en snif, au lieu d’être mâché.
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